Еcrire en français sans être Français II

Публикувано:
15:34ч / 31.12.2019г
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Le Festival littéraire international de Sofia de cette année a rassemblé des auteurs écrivant en français, mais la plupart d’entre eux ne sont pas nés en France. A un moment donné, chacun de ces participants a répondu à la question: que signifie créer des œuvres littéraires en français sans être Français?

Le colloque “ Être, venir d’ailleurs et écrire en français „, qui a précédé le festival et s’est tenue à l’Université de Sofia “ Saint Clément d’Ohrid “ les 9 et 10 décembre, a réuni non seulement des écrivains mais aussi des professeurs d’université ainsi que des diplomates. L’un d’eux était l’ambassadeur de l’Uruguay à Bucarest, S.E. Omar Mesa. Il a parlé du poète né à Montevideo Isidore Ducasse (1846-1870), connu sous le nom de Lautréamont, l’auteur des Chants de Maldoror. „Il a écrit en français mais a pensé en espagnol“, a déclaré l’ambassadeur. Certains chercheurs affirment que le pseudonyme Lautréamont provient d’une variation de Latreomon, le héros d’Eugène Sue. Cependant, la version de S.E. Mesa est plus probable: que le pseudonyme Lautréamont, comme il est s’écrit en français, vient de “ l’autre à Mont (evideo) “ – „l’Autre à Montevideo“, ce qui suggère que le poète a laissé une partie de son cœur en Amérique latine, bien qu’il ait ensuite vécu et décèdé à Paris. L’Uruguay est un pays observateur de l’Organisation internationale de la Francophonie. „Il y a beaucoup de gens provenant de France et d’autres pays francophones“, a expliqué S.E. Mesa les liens étroits de l’Uruguay avec la francophonie.

A l’autre bout de cette longitude, dans la province canadienne de Québec, la langue française a du résisté pendant 300 ans à la présence anglo-saxonne. Cela a été expliqué par l’écrivain canadien Denis Tériault, qui a ajouté: „Au Québec, nous protégeons la langue française plus que les Français eux-mêmes, qui utilisent des mots ‘anglais comme par exemple “ shopping „. Il a déclaré qu’il préférait écrire ses œuvres littéraires en “ français international “ et ne pas utiliser sa version québécoise, qui a ses particularités, car à partir d’un moment historique il s’y est développé de façon autonome. Le best-seller de Denis Tériault “ Le facteur émotif  „, traduit en bulgare par Kaloyan Pramatarov (List, 2019), a été présenté lors du Festival littéraire international de Sofia au Palais national de la culture.

La Vietnamienne Anna Moï a émigré à Paris et a choisi la langue française pour construire sa carrière littéraire. Cependant, le Vietnam reste un thème majeur dans ses œuvres. J’ai été impressionnée par sa conférence lors de l’ouverture officielle du Festival littéraire le 9 décembre à l’Universitéde Sofia. Dans son interlocution Anna Moï a mentionné, entre autres, une caractéristique de ses livres: souvent l’un des parents de son personnage décède. Les jours suivants, lors du festival au Palais national de la culture, je lui ai demandé ce que signifiait cette caractéristique de ses oeuvres. Elle a expliqué qu’une critique littéraire avait trouvé une chose similaire chez d’autres écrivains immigrants écrivant dans la langue du pays de résidence. L’explication en était que, de cette manière, l’auteur montre inconsciemment qu’il avait “ enfoui en lui-même “ sa langue maternelle.

C’est le moment pour rappeler à nouveau à quel point la participation d’écrivains francophones de différents continents a été un succès pour l’édition du festival de cette année.

Il me semble cependant que les auteurs bulgares écrivant en français ont suscité un intérêt particulier lors du Festival littéraire à Sofia.  La professeure associée Rennie Yotova, directrice du Bureau régional de l’Organisation internationale de la Francophonie pour l’Europe centrale et orientale, était l’annimatrice de la discussion qui s’est déroulée sous le titre „La langue comme une maison“ avec la participation d’Aksinia Mihaylova, Velina Minkova, Elitza Gueorguieva et Albena Dimitrova.

„Depuis 1977, je m’occupe de cette langue, je ne peux pas dire que je la maîtrise, car même lorsque j’écris mes poèmes ех фквжьие, je doute que je maîtrise ma langue maternelle. Pendant toutes ces années, je faisais des traductions et à un moment donné j’ai commencé à écrire de la poésie en français. Je ne peux jamais dire à l’avance si mon poème sera en bulgare ou en français „, a avoué Aksinia Mihaщlova, le premier et le seul poète bulgare à ce jour, lauréat du prix de poésie française Apollinaire.

La jeune écrivaine Velina Minkova, qui vit et travaille à Paris depuis 15 ans, a déclaré que, contrairement aux autres participantеs à la conversation, il lui est difficile de définir le français comme la langue dans laquelle elle écrit. Ses premiers textes littéraires étaient en anglais et elle les a traduits en bulgare, puis a commencé à écrire en bulgare et traduire en anglais. Son roman le plus célèbre paru en bulgare “ Le rapport dе l’amibe verte pour le crayon chimique (Colibri, 2015), a été traduit en français à partir de sa version anglaise. Velina a plaisanté en disant que la raison pour laquelle sa mère, la célèbre traductrice et enseignante de française Yulia Minkova, ne lui a pas enseigné cette langue, qui est l’amour de sa vie, était qu’elle était trop dévouée à ses élèves, parmi lesquels l’écrivaine Elitza Gueorguieva.

Pour sa part, Elitza a appelé sa professeur de français au Lycée N 35 de Sofia, “ la première personne à m’inspirer l’amour pour la littérature françaises et pour l’écriture „. Quand, de façon inattendue pour elle-même, Elitza Gueorguieva est allée vivre à Paris, elle a commencé à faire du cinéma et peu à peu elle s’est mise à écrire. Son roman “ Les astronautes ne font que passer “ (Colibri, 2017) a été écrit en français, ce qui était une tâche difficile car „le bulgare apparaît toujours dans les phrases françaises. Il s’avèra qu’une expression bulgare a été littéralement traduite en français et que les Français ne pouvaient pas comprendre pourquoi l’héroïne a “ écrasé l’ognion “ (еxpression bulgare qui signifie “ agir sans tact „). Mais les expressions françaises ne sont pas moins étranges », a ajouté Elitza. Pour elle, avoir écrit son roman en français est un avantage justement à cause de cette étrangeté de la langue.

„Nous nous sommes rencontré, le français et moi, par accident, je ne l’ai pas étudié à l’école“, a déclaré la quatrième intervenante, Albena Dimitrova, dont le premier roman „Nous dînerons en français“ a été publié à Galaade en 2015. – Je suis arrivé en France ayant fait mes études au Lycée anglais et j’admirais la musique dans la langue française que j’entendais dans les rues. Cette langue est entrée en moi comme dans le cerveau d’un nouveau-né. Je suis donc née en français vers l’âge de 19-20 ans. Quand on est déjà absorbé par cette langue, il y a un choc entre la musique et le sens. Je me sentais un peu triste quand j’ai commencé à comprendre le français, parce que dans les rues les Français parlent de ce que parlent les Bulgares, et la musique de la langue me faisait penser qu’ils disaient quelque chose de très poétique. Il m’a ensuite fallu un certain temps pour me remettre à la musique de la langue française à travers la poésie. “

Il faut apprécier le fait que les livres des auteurs bulgares soient publiés dans de préstigieux maisons d’édition françaises. Pour Aksinia Mihaylova, par exemple, il s’agit de Gallimard. La poète a raconté qu’à partir de 1984-1985, elle a commencé à traduire pour le fameux magazine bulgare “ Ah, Maria “ des ouvrages publiés par Gallimard, elle etait donc depuis longtemps en contact avec cette maisons d’édition. Lorsqu’elle avait déjà écrit suffisamment de poèmes en français et en avait fait le recueil „Ciel à perdre“, elle s’est demandé où en France il pourrait être édité. Elle a décidé d’essayer à Gallimard. A sa grande surprise et ravissement, le livre a été approuvé et publié dans la célèbre Collection Blanche.

Le roman d’Elitza Gueorguieva apparaît dans le Vertical. C’est une collection de Gallimard mais fonctionne comme une maison d’édition indépendante. Là, des romans de style plus particulier sont publiés. On y travaillent avec des auteurs qui apparaissent dans d’autres arts aussi, tels que des réalisateurs qui souhaitent présenter les œuvres littéraires de façon innovante.

On pourrait finir par la conclusion qu’un auteur écrivant en français sans être né en France, grâce à son talent peut voir s’ouvir devant lui les portes de maisons d’édition françaises de renommée mondiale.

Texte et photo: Gergina Dvoretzka

Le texte en bulgare

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Източник: www.evropaworld.eu